COUR D'APPEL

 

 

PROVINCE DE QUÉBEC

GREFFE DE MONTRÉAL

 

No: 500‑10‑000082‑931

   (500‑36‑000364‑920)

 

Le 13 décembre 1994.

 

 

CORAM: LES HONORABLES  ROTHMAN

                       PROULX

                       DESCHAMPS, JJ.C.A.

 

 

 

 

                                            

 

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DE LA PROVINCE DE QUÉBEC,

 

          APPELANT - intimé-poursuivant

 

c.

 

CARMELO PINTABONA,

 

          INTIMÉ - appelant-accusé 

                                             

 

 

                                                                  J U G E M E N T

 

                             L'appelant se pourvoit contre un jugement rendu le 18 février 1993, par la Cour supérieure, chambre criminelle, district de Montréal (l'honorable John R. Hannan), qui a accueilli l'appel de l'intimé et l'a acquitté de certaines infractions portées en vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (L.R.Q., ch. I-8.1), pour lesquelles il avait été condamné en Cour municipale de Montréal;

 

                             Après étude du dossier, audition et délibéré;

 

                             L'appelant a été autorisé par un juge de cette cour à en appeler du jugement de la Cour supérieure pour le motif suivant (m.a. pp. 27, 28):

 

L'Honorable juge John R. Hannan de la Cour supérieure a erré en droit, et ce en donnant une interprétation erronée au paragraphe c) de l'article 132 de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques, (1977, L.R.Q. chap. I-8.1), lequel permet qu'une autorisation d'intenter des poursuites en vertu de ladite loi soit donnée de façon générale à «... tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, ...».

 

 

 

 

                             La question en litige porte sur l'interprétation du par. 132 c) de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (LIMBA), qui se lit comme suit:

 

132.  Les poursuites intentées sur instruction du procureur général le sont:

 

a) par une personne que le procureur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

b) par tout membre de la Sûreté du Québec que le directeur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

 

 

c) par tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, que le procureur général et le ministre de la Sécurité publique conjointement autorisent, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature.

 

Le dépôt d'une dénonciation fait preuve de la signature de la personne autorisée à la déposer, à moins que le contraire ne soit établi.

 

 

                             Le juge de la Cour supérieure s'est dit d'avis que le par. c) exige que l'autorisation de poursuivre soit individuelle et nominative et non pas globale, comme à tout le corps de police, par exemple.  Or, comme il était admis qu'en l'espèce le dénonciateur, le Sgt. René Julien, se réclamait d'une autorisation de poursuivre (m.a. 132) générale et donnée à «tout membre du service de police de la Communauté urbaine de Montréal», le juge de la Cour supérieure a conclu que cette autorisation globale et non-nominative était invalide puisque, dans son opinion, l'autorisation devait désigner spécifiquement le policier pour intenter les poursuites en vertu de la LIMBA.  En conséquence, il a accueilli l'appel au motif que la dénonciation était nulle, cette décision valant dans tous les dossiers.

 

                             Avec égards, cette Cour ne peut souscrire à l'opinion du juge de la Cour supérieure.

 

                             Récemment, cette Cour, par la voix du juge Rothman[1], a disposé de cet argument qu'a fait valoir ici l'intimé en Cour supérieure, estimant qu'il était dénué de fondement.  En effet, ce par. c) serait inutile si on l'interprétait comme nécessitant une désignation spécifique d'un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps car le par. a) qui prévoit la désignation «d'une personne» suffit amplement pour couvrir cette situation.  Le législateur ne «parlant pas pour ne rien dire», il y a donc lieu de comprendre que l'adoption du par. c) plusieurs années plus tard devait viser et permettre l'autorisation globale.  De plus, si le Procureur général et le Ministre de la Sécurité publique devaient autoriser spécifiquement un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, selon l'interprétation proposée du par. c), alors les termes «escouade d'un tel corps» n'ont plus leur raison d'être, il aurait été suffisant de dire «tout membre d'un corps de police».

 

                             En conséquence, il y a lieu de réformer le jugement entrepris et de rétablir les condamnations prononcées en Cour municipale de Montréal.

 

                             PAR CES MOTIFS:

ACCUEILLE le pourvoi;

 

CASSE le jugement de la Cour supérieure;

RÉTABLIT les jugements de culpabilité prononcés contre l'intimé en Cour municipale de Montréal.

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                MELVIN L. ROTHMAN, J.C.A.    

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                       MICHEL PROULX, J.C.A.        

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                 MARIE DESCHAMPS, J.C.A.      

 

 

Me Yves Briand, pour l'appelant

 

Me Simon Venne, pour l'intimé

 

AUDITION:  22 novembre 1994.

 


                      COUR D'APPEL

 

 

PROVINCE DE QUÉBEC

GREFFE DE MONTRÉAL

 

No: 500‑10‑000083‑939

   (500‑36‑000366‑925)

 

Le 13 décembre 1994.

 

 

CORAM: LES HONORABLES  ROTHMAN

                       PROULX

                       DESCHAMPS, JJ.C.A.

 

 

 

 

                                            

 

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DE LA PROVINCE DE QUÉBEC,

 

          APPELANT - intimé-poursuivant

 

c.

 

2732-1066 QUÉBEC INC.,

 

          INTIMÉE - appelante-accusée 

                                            

 

 

                                                                  J U G E M E N T

 

                             L'appelant se pourvoit contre un jugement rendu le 18 février 1993, par la Cour supérieure, chambre criminelle, district de Montréal (l'honorable John R. Hannan), qui a accueilli l'appel de l'intimée et l'a acquittée de certaines infractions portées en vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (L.R.Q., ch. I-8.1), pour lesquelles elle avait été condamnée en Cour municipale de Montréal;

 

                             Après étude du dossier, audition et délibéré;

 

                             L'appelant a été autorisé par un juge de cette cour à en appeler du jugement de la Cour supérieure pour le motif suivant (m.a. pp. 27, 28):

 

L'Honorable juge John R. Hannan de la Cour supérieure a erré en droit, et ce en donnant une interprétation erronée au paragraphe c) de l'article 132 de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques, (1977, L.R.Q. chap. I-8.1), lequel permet qu'une autorisation d'intenter des poursuites en vertu de ladite loi soit donnée de façon générale à «... tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, ...».

 

 

 

 

                             La question en litige porte sur l'interprétation du par. 132 c) de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (LIMBA), qui se lit comme suit:

 

132.  Les poursuites intentées sur instruction du procureur général le sont:

 

a) par une personne que le procureur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

b) par tout membre de la Sûreté du Québec que le directeur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

 

 

c) par tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, que le procureur général et le ministre de la Sécurité publique conjointement autorisent, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature.

 

Le dépôt d'une dénonciation fait preuve de la signature de la personne autorisée à la déposer, à moins que le contraire ne soit établi.

 

 

                             Le juge de la Cour supérieure s'est dit d'avis que le par. c) exige que l'autorisation de poursuivre soit individuelle et nominative et non pas globale, comme à tout le corps de police, par exemple.  Or, comme il était admis qu'en l'espèce le dénonciateur, le Sgt. René Julien, se réclamait d'une autorisation de poursuivre (m.a. 132) générale et donnée à «tout membre du service de police de la Communauté urbaine de Montréal», le juge de la Cour supérieure a conclu que cette autorisation globale et non-nominative était invalide puisque, dans son opinion, l'autorisation devait désigner spécifiquement le policier pour intenter les poursuites en vertu de la LIMBA.  En conséquence, il a accueilli l'appel au motif que la dénonciation était nulle, cette décision valant dans tous les dossiers.

 

                             Avec égards, cette Cour ne peut souscrire à l'opinion du juge de la Cour supérieure.

 

                             Récemment, cette Cour, par la voix du juge Rothman[2], a disposé de cet argument qu'a fait valoir ici l'intimée en Cour supérieure, estimant qu'il était dénué de fondement.  En effet, ce par. c) serait inutile si on l'interprétait comme nécessitant une désignation spécifique d'un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps car le par. a) qui prévoit la désignation «d'une personne» suffit amplement pour couvrir cette situation.  Le législateur ne «parlant pas pour ne rien dire», il y a donc lieu de comprendre que l'adoption du par. c) plusieurs années plus tard devait viser et permettre l'autorisation globale.  De plus, si le Procureur général et le Ministre de la Sécurité publique devaient autoriser spécifiquement un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, selon l'interprétation proposée du par. c), alors les termes «escouade d'un tel corps» n'ont plus leur raison d'être, il aurait été suffisant de dire «tout membre d'un corps de police».

 

                             En conséquence, il y a lieu de réformer le jugement entrepris et de rétablir les condamnations prononcées en Cour municipale de Montréal.

 

                             PAR CES MOTIFS:

ACCUEILLE le pourvoi;

 

CASSE le jugement de la Cour supérieure;

RÉTABLIT les jugements de culpabilité prononcés contre l'intimée en Cour municipale de Montréal.

 

 

 

                                                                                                                                                                                          

                                                                                                                MELVIN L. ROTHMAN, J.C.A.    

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                       MICHEL PROULX, J.C.A.        

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                 MARIE DESCHAMPS, J.C.A.      

 

 

Me Yves Briand, pour l'appelant

 

Me Simon Venne, pour l'intimée

 

AUDITION:  22 novembre 1994.

 

 


                      COUR D'APPEL

 

 

PROVINCE DE QUÉBEC

GREFFE DE MONTRÉAL

 

No: 500‑10‑000085‑934

   (500‑36‑000365‑927)

 

Le 13 décembre 1994.

 

 

CORAM: LES HONORABLES  ROTHMAN

                       PROULX

                       DESCHAMPS, JJ.C.A.

 

 

 

 

                                            

 

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DE LA PROVINCE DE QUÉBEC,

 

          APPELANT - intimé-poursuivant

 

c.

 

CAROLINE DEMERS,

 

          INTIMÉE - appelante-accusée

                                            

 

                                                                  J U G E M E N T

 

                             L'appelant se pourvoit contre un jugement rendu le 18 février 1993, par la Cour supérieure, chambre criminelle, district de Montréal (l'honorable John R. Hannan), qui a accueilli l'appel de l'intimée et l'a acquittée de certaines infractions portées en vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (L.R.Q., ch. I-8.1), pour lesquelles elle avait été condamnée en Cour municipale de Montréal;

 

                             Après étude du dossier, audition et délibéré;

 

                             L'appelant a été autorisé par un juge de cette cour à en appeler du jugement de la Cour supérieure pour le motif suivant (m.a. pp. 27, 28):

 

L'Honorable juge John R. Hannan de la Cour supérieure a erré en droit, et ce en donnant une interprétation erronée au paragraphe c) de l'article 132 de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques, (1977, L.R.Q. chap. I-8.1), lequel permet qu'une autorisation d'intenter des poursuites en vertu de ladite loi soit donnée de façon générale à «... tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, ...».

 

 

 

 

                             La question en litige porte sur l'interprétation du par. 132 c) de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (LIMBA), qui se lit comme suit:

 

132.  Les poursuites intentées sur instruction du procureur général le sont:

 

a) par une personne que le procureur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

b) par tout membre de la Sûreté du Québec que le directeur général autorise, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature;

 

 

 

c) par tout membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, que le procureur général et le ministre de la Sécurité publique conjointement autorisent, généralement ou spécialement, par écrit à cet effet, et dont la dénonciation doit porter la signature.

 

Le dépôt d'une dénonciation fait preuve de la signature de la personne autorisée à la déposer, à moins que le contraire ne soit établi.

 

 

                             Le juge de la Cour supérieure s'est dit d'avis que le par. c) exige que l'autorisation de poursuivre soit individuelle et nominative et non pas globale, comme à tout le corps de police, par exemple.  Or, comme il était admis qu'en l'espèce le dénonciateur, le Sgt. René Julien, se réclamait d'une autorisation de poursuivre (m.a. 132) générale et donnée à «tout membre du service de police de la Communauté urbaine de Montréal», le juge de la Cour supérieure a conclu que cette autorisation globale et non-nominative était invalide puisque, dans son opinion, l'autorisation devait désigner spécifiquement le policier pour intenter les poursuites en vertu de la LIMBA.  En conséquence, il a accueilli l'appel au motif que la dénonciation était nulle, cette décision valant dans tous les dossiers.

 

                             Avec égards, cette Cour ne peut souscrire à l'opinion du juge de la Cour supérieure.

 

                             Récemment, cette Cour, par la voix du juge Rothman[3], a disposé de cet argument qu'a fait valoir ici l'intimée en Cour supérieure, estimant qu'il était dénué de fondement.  En effet, ce par. c) serait inutile si on l'interprétait comme nécessitant une désignation spécifique d'un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps car le par. a) qui prévoit la désignation «d'une personne» suffit amplement pour couvrir cette situation.  Le législateur ne «parlant pas pour ne rien dire», il y a donc lieu de comprendre que l'adoption du par. c) plusieurs années plus tard devait viser et permettre l'autorisation globale.  De plus, si le Procureur général et le Ministre de la Sécurité publique devaient autoriser spécifiquement un membre d'un corps de police ou d'une escouade d'un tel corps, selon l'interprétation proposée du par. c), alors les termes «escouade d'un tel corps» n'ont plus leur raison d'être, il aurait été suffisant de dire «tout membre d'un corps de police».

 

                             En conséquence, il y a lieu de réformer le jugement entrepris et de rétablir les condamnations prononcées en Cour municipale de Montréal.

 

                             PAR CES MOTIFS:

ACCUEILLE le pourvoi;

 

CASSE le jugement de la Cour supérieure;

RÉTABLIT les jugements de culpabilité prononcés contre l'intimée en Cour municipale de Montréal.

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                MELVIN L. ROTHMAN, J.C.A.    

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                       MICHEL PROULX, J.C.A.        

 

 

 

                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                 MARIE DESCHAMPS, J.C.A.      

 

 

Me Yves Briand, pour l'appelant

 

Me Simon Venne, pour l'intimée

 

AUDITION:  22 novembre 1994.

 

 



    [1] Terrasses St-Sulpice Inc. c. R., [1994] R.J.Q. 1179.

    [2] Terrasses St-Sulpice Inc. c. R., [1994] R.J.Q. 1179.

    [3] Terrasses St-Sulpice Inc. c. R., [1994] R.J.Q. 1179.